16.10.2025
Veuillez trouver ici le discours de bienvenue lors de la séance académique du directeur de la LSRS, Prof. Jean Ehret.
Excellences,
Chers Confrères,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Nous saluons d’abord notre orateur de ce soir, le Président de l’université Notre Dame, le Père Béchara Khoury. Sois le bienvenu !
Cher Béchara, merci d’avoir accepté notre invitation. Nous sommes très honorés de ta présence que nous considérons comme un lien particulier avec nos frères et sœurs dans une zone particulièrement éprouvée.
Qui l’aurait cru ? La Luxembourg School of Religion & Society fête ses dix ans !
Tout est né d’une mission que l’archevêque de Luxembourg avait donnée en octobre 2013 au nouveau directeur du Centre Jean XXIII – Grand Séminaire : « Fais en sorte que l’Église soit à nouveau un partenaire de dialogue intellectuel dans notre société ! ».
Il fallait donc renouer des liens avec différents acteurs, secteurs, branches de la société. Il était nécessaire de se mêler aux gens pour ne pas garder simplement une perspective extérieure. Il était encore incontournable de se donner les moyens intellectuels pour s’engager dans des échanges dépassant les références habituelles tant d’un théologien que d’un pasteur. Il importait de créer un cadre accueillant qui permette aux personnes de différents secteurs et milieux de se rencontrer, d’apprendre à se connaître, d’entrer en dialogue, de débattre avec conviction les sujets les plus différents, d’offrir un lieu où l’on se parlerait comme on ne le fait pas ou pas beaucoup en d’autres endroits. Et je compris assez rapidement qu’il fallait aussi se donner un nom, un branding pour être visible et reconnaissable, pour inspirer une confiance que le nom de Grand Séminaire n’avait point dans le monde académique. Voilà un programme ambitieux.
Mais d’abord il s’agissait de restructurer le secteur de la formation et de la recherche diocésain, de regrouper des initiatives, activités et services. Il devenait nécessaire de réaffecter du personnel, ce qui signifiait déranger des habitudes, rompre avec des façons de faire. N’oublions pas le défi d’assainir le bilan financier ou, pour le dire de façon moins poétique, de couper les coûts. Je pouvais compter sur le travail de Mgr Georges Hellinghausen, un de mes prédécesseurs. Nous y sommes arrivés. Le Centre Jean XXIII – Grand Séminaire avait été érigé en Centre de formation, recherche, dialogue et documentation diocésain par décret archiépiscopal dès le 15 octobre 2023, c’est-à-dire avant les élections anticipées de cette année.
En même temps le CJ23 s’ouvrait aussi à la collaboration avec les autres cultes conventionnés. L’Église ne voulait ni ne pouvait plus se considérer comme une puissance religieuse hégémonique au Grand-Duché. Ce n’étaient pas seulement les temps et la pratique qui avaient changé, mais 50 ans auparavant un Concile, appelé Vatican II, avait fait du dialogue la voie royale comment l’Église voulait se mettre au service de l’être humain et de la société, sans rien renier de sa foi en Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Or qui paraissait relever de la haute trahison pour certains devint aussi un atout dans le cadre des nouvelles relations entre l’Église et l’État régis par les conventions signées en janvier 2015.
Comment appeler un institut de recherche quand vous travaillez avec des partenaires francophones, germanophones, anglophones, italiens… Comment baptiser ce qui relevait encore de la taille d’un noyau pour éviter de donner à chaque fois que l’on changeait de langue des explications ? L’anglais s’imposait, le Luxembourg comme point fort de notre identité aussi, le religieux devait y figurer car c’était notre passion et raison d’être, mais il devait toujours être considéré en relation avec les gens et la société de notre époque. Nous ne voulions en aucun cas travailler en vase clos. Et enfin, quelle appellation ? « School » ! En effet, nous étions le lieu où ceux qui y travaillaient et ceux qui les rejoignaient pour différentes occasions voulaient apprendre les uns des autres et les uns avec les autres. Un ami réussit à dissiper mes doutes quand le nom de Luxembourg School of Religion & Society me rappelait trop celui de la London School of Economics… « C’est une bonne adresse, et vous saurez être à la hauteur ! ». Le nom créait donc aussi des attentes…
En 2020, à la suite de notre audit externe, nous avons décidé de nous concentrer sur la recherche et les activités y relatives. Le Centre de formation diocésain Jean XXIII a été fondé pour reprendre les activités de la formation permanente et de la formation des adultes. Je ne puis que féliciter sa directrice et son équipe pour le dynamisme qu’elles ont su développer au fil des cinq dernières années ! Joyeux anniversaire à eux aussi.
Aujourd’hui la LSRS compte outre les trois professeurs directeurs de recherche, son assistant-professeur, ses professeurs honoraires et ses chercheurs, une série de professeurs et chercheurs affiliés qui ont choisi de développer des activités à la LSRS car elle leur offre des possibilités telles qu’ils ne les trouvent pas dans leurs institutions de rattachement. La LSRS forme aussi des doctorants et des postdoctorants dans le cadre de ses projets de recherche.
Notre forme de travail, c’est le laboratoire, un groupe de chercheurs de différentes disciplines, voire de praticiens qui se penchent ensemble sur un problème à l’intersection du religieux et du social ou sociétal. Peut-être vaudrait-il mieux parler d’ateliers que de laboratoires car ce nom représente plus la créativité que les réactions chimiques. Toujours est-il que le laboratoire rompt avec la logique des silos et exige de développer une autre méthodologie capable d’intégrer les différents savoirs à travers une démarche commune tout en préservant en même temps la force des disciplines. Nous y travaillons. Ce qui sonne si simple et convaincant quand on le présente, devient bien plus complexe et compliqué quand il s’agit de faire se rencontrer des personnes et pas seulement des livres.
Une très grande joie d’être le directeur de la LSRS, c’est d’être entouré de personnes qui ne sont pas seulement compétentes, bienveillantes et intègres et, partant, dignes de confiance suivant le modèle de Mayer, mais passionnées par notre mission et vocation. La LSRS, certes, c’est une idée, c’est une institution, ce sont des projets et productions, mais c’est d’abord des personnes avec leur histoire, leur caractère, leur corps et leur esprit, animées de ce que l’on appelle un désir de savoir, comprendre et vivre plus pleinement, d’une soif de vérité.
Ce soir, quand nous fêtons 10 ans de la LSRS, je rends grâce à Dieu et remercie toutes celles et tous ceux qui ont travaillé et travaillent à la LSRS, qui sont engagés ou ont été engagés dans notre Conseil d’orientation stratégique et notre Conseil des sages, qui ont accepté d’être nos professeurs honoraires, qui ont demandé à intégrer notre équipe comme professeurs affiliés, qui nous encouragent, nous critiquent, nous font connaître à d’autres personnes… Je remercie aussi tout le personnel et toutes les entités du Centre Jean XXIII – Grand Séminaire. Grâce à eux nos activités se déroulent dans de très bonnes conditions. Je remercie notre archevêque, Monsieur le Cardinal Jean-Claude Hollerich, pour sa confiance, son soutien inébranlable et sa motivation ainsi que ses vicaires généraux pour l’exemplaire collaboration.
Permettez que je salue celui qui est présent dès le début, Chris Doude van Troostwijk. Puis celui qui nous a rejoint le dernier, Armel Claude Otabela. Il forme, ensemble avec Matthew Pawlak et Charlene Schuessler, notre équipe de recherche Trust & Society. Je n’oublie pas notre collègue Katja Soennecken qui est présente même si elle a encore des engagements à Jérusalem. J’aimerais ensuite remercier les deux autres membres du comité de direction, Alberto Ambrosio et Monique Kemp. Les deux, un jour, ont fait confiance à la LSRS et son directeur. Non, je ne regrette rien… 10 ans, c’est une super aventure pour laquelle je rends grâce. Et, pour le dire en toute simplicité, je suis heureux d’être le directeur de la LSRS grâce à vous tous collègues, amis, visiteurs !
Ce soir nous accueillons le Père Béchara Khoury de l’université Notre Dame au Liban. Docteur en sciences économiques, prêtre religieux, recteur d’université, il nous parlera de la place des chrétiens et de la mission de l’enseignement supérieur catholique dans une région éprouvée par de nombreuses crises. Nous découvrirons comment les chrétiens sont en quelque sorte une esperluette dans cette région et j’espère que nous aurons l’occasion de collaborer à l’avenir.
Merci de votre attention.